La mission handicap m’a redonnée une dynamique.
L’hôtellerie, le graphisme, la post production, le montage… et aujourd’hui une reconversion en maîtresse de maison au sein d’une communauté thérapeutique. Demain, d’autres projets à construire. Laure Gayon mène plusieurs vies, la dernière en date l’ayant amenée à devoir rebondir en raison d’un problème de vue. Et la mission handicap de la production audiovisuelle a éclairé cette nouvelle trajectoire…
Une voix grave, un débit rapide, une forme de gouaille font pétiller ses phrases. On l’imagine fort bien mener une troupe, convaincre, embarquer dans son sillage. Pourtant, Laure Gayon, qui ne répond qu’indirectement à la question de son âge, est une quinquagénaire qui a plutôt longtemps travaillé seule, sur des écrans. Montage, effets spéciaux, voilà ce qui a occupé ses journées au tournant des années 2000, à l’âge d’or du DVD. Puis la fabrication de sites Internet.
Mais Laure aime le changement, et elle a besoin au tournant des années 2010 de voir un peu la lumière, de « quitter le 3e sous-sol », et elle devient alors chargée de post production.
Au début, elle ne rencontre pas de difficulté à faire ses heures, à conserver son intermittence. Mais les années passant, la société de production qui l’emploie s’essouffle (elle a depuis fait faillite) et, sur le plan personnel, Laure doit accompagner sa fille qui de ses 21 à ses 24 ans rencontre des problèmes de santé. Elle finit par craquer : « J’ai fait une espèce de burn out. Ma fille allait mieux, j’ai dû prendre du temps, du temps pour moi. »
Une remise en route difficile
Pour ce faire, elle met de la distance, et part un an en Thaïlande. Elle y fera de petits boulots, pour survivre.
A son retour, la remise en route est difficile. « J’étais complètement perdue. Déjà avant de partir, je voulais arrêter l’intermittence. J’en avais ras le bol de faire tout et n’importe quoi, et d’être mal payée, juste pour faire mes heures. » Plus ennuyeux encore, « je voyais des trucs se déformer… »
La visite médicale puis une consultation en hôpital livrent leur verdict : elle est atteinte d’une dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA ». « Ca a été très dur. Je me suis tapé une bonne déprime. J’ai compris qu’il fallait que je me bouge. »
Un nouvel élan
Un de ses amis lui suggère de se faire accompagner, comme il l’a été lui-même en raison de problèmes de dos, par la mission handicap de la production audiovisuelle. « Leur soutien a été précieux. D’abord, on m’a aidée à faire les demandes d’aide sociale. Ensuite, on m’a aiguillée vers un séminaire afin d’être accompagnée à structurer un projet adapté à ma situation de santé. La mission handicap m’a redonnée une dynamique. »
Un élan tel qu’elle n’a pas eu le temps de suivre toutes les séances du séminaire, car elle a trouvé un travail avant son issue. Après un stage d’immersion et deux CDD, la voici en contrat à durée indéterminée, responsable dans une structure gérée par Aurore, d’une communauté thérapeutique qui accueille 40 patients. « C’était dur à encaisser pendant les trois premières semaines. Et puis ce n’est pas simple à gérer, notamment pour moi qui avais l’habitude de travailler plutôt seule avant. »
Elle a choisi un contrat aux 4/5. Et caresse l’envie de nouvelles aventures : s’installer en province, pourquoi pas à Nantes, et continuer de travailler pour Aurore, qui y possède des établissements…
On entend entre les lignes que la reconversion réussie de Laure l’a davantage conduite à s’adapter à sa situation qu’à réaliser ses rêves. Mais elle a su rebondir, et estime que cela tient en partie à l’accompagnement dont elle a bénéficié auprès de la mission handicap de la production audiovisuelle: « Je l’ai conseillé à une de mes amies atteintes de sclérose en plaques. Cela ouvre un très grand nombre de champs des possibles, et je crois que chacun peut trouver sa solution. … »